RESUME
Un géant, tout vert, très très laid et
qui ne connaît pas sa force… Hulk, le géant vert ???… Non,
vous n'y êtes pas du tout ! Shrek ! Shrek, l'ogre aux
oreilles en forme de trompettes… Shrek qui n'aime rien mieux
que de manger (normal pour un ogre), un bocal pleins d'yeux
toujours à portée de la main, et surtout raffole de la tranquillité
de sa solitude. Faut dire que personne n'a envie de venir
lui marcher sur les plates-bandes. Il effraye tout le monde
alentour et en plus il pue comme c'est pas possible, autant
de la gueule que par ses pets à répétitions…
Shrek vit sur son domaine des marais,
tranquille donc. Il ignore que le Seigneur du coin, Lord
Farquaad (un nabot très méchant) s'est mis en tête de
devenir roi. Et alors, me direz-vous ? Et alors, Farquaad,
à la recherche d'une Princesse, a décidé de faire le ménage
sur son territoire et d'en chasser tous les "anormaux", lutins,
trolls, génies, elfes et autres personnages de contes de fée…
Et quel meilleur endroit où les expédier que dans les marais,
autrement dit chez Shrek ? Mais tout cela n'est guère du goût
de notre ogre qui choisit d'aller dire deux mots à Farquaad.
Et le voilà parti, collé aux basques par un âne, chassé
lui aussi par l'aspirant roi, car doué de la parole. Parole
dont il use et abuse à satiété. Une chose est certaine: lui
n'a pas peur de Shrek, au contraire il souhaite devenir son
ami et co-locataire…
Farquaad a jeté son dévolu sur une certaine Princesse
Fiona, troublante de beauté, après avoir rejeté les portraits
de Cendrillon et de BLANCHE-NEIGE (à la vie un peu douteuse,
elle vit quand même avec 7 hommes…). Et puisque Fiona vit
dans un château gardé par un féroce dragon, Farquaad
organise un tournoi qui désignera le preux chevalier chargé
de la mission de l'enlèvement de la belle. L'irruption de
Shrek complique le bon déroulement des opérations. Farquaad
lui propose alors un marché: il libèrera les marais de l'ogre
si celui-ci lui ramène la Princesse…
Et voilà Shrek, toujours collé au train
par son nouvel ami l'âne, parti délivrer la belle…
MON OPINION
De l'autre côté du miroir
Quelques mois après le ô
combien délectable CHICKEN RUN, chef d'œuvre de l'animation en
pâte à modeler, voici que débarque SHREK, réalisé lui
entièrement sur ordinateur. Sensation du Festival de Cannes
2001 où il a séduit autant le public que les (difficiles)
critiques, c'est sans surprise qu'il "cartonne" de la même
façon sur les écrans moins de deux mois plus tard seulement.
Car SHREK est avant tout un immense plaisir,
un bonheur pour tout spectateur un tant soit peu doué d'humour.
Et si ce spectateur connaît un minimum de contes de fées,
il n'en rira que plus fort, se délectant du renversement des
valeurs habituelles au genre. Ici, le Prince charmant est
moche et méchant, le méchant ogre est en fait une vraie pâte
de gentillesse, l'âne stupide ne l'est pas car, seul, il dénote
d'entrée la véritable nature de Shrek. Même la jolie Princesse
est loin, très loin, de coller à ses glorieuses aînées. Non
seulement elle possède un côté casse-bonbons assez prononcé,
mais elle n'est PAS ce qu'elle semble être et là je n'en dirai
pas plus…
Bien sûr, on pourrait penser à la lecture de ce qui
précède que ce renversement ne débouche que sur overdose de
bons sentiments humanistes. Que nenni ! Si le "message" du
film délivré repose bien sur l'idée du droit à la différence,
de la beauté caché des laids ("qui se voit sans délais" comme
chantait Gainsbourg), bref de la tolérance, il est enrobé
dans un tel déferlement d'humour qu'il arrache tout, à la
manière des jets de flammes crachés par le dragon (lui aussi
se révèle différent de ce qu'on attend d'un tel monstre…).
Simple: avec SHREK,
on rit de la première à la dernière seconde ! Démarrant
sur un créneau un peu pipi-caca, humour scato à la South Park
(gag irrésistible: Shrek extrait une longue colonne de cérumen
de son oreille et en fait une chandelle pour s'éclairer !),
le film sait évoluer au fur et à mesure de la découverte "réelle"
de ses personnages. Les morceaux de bravoure abondent tant
pendant 90 minutes on a qu'une idée: revenir pour une nouvelle
séance, afin de décortiquer tous les petits détails saugrenus
et absurdes dont le film fourmille… Il faut dire que les réalisateurs
n'y sont pas allés de main morte: 36 espaces (et donc autant
de décors) différents, chiffre considérable pour un film d'animation
! Et attention, qui dit ici décors entend des lieux d'une
précision inouïe, filmés sous tous les angles et selon toutes
les techniques des films "live" et… même sans doute davantage…
La technique est tout
bonnement stupéfiante ! Supérieure à celle (déjà excellente)
de Fourmiz, et plus riche en détails que Toy Story.
Les gros plans des visages, tout particulièrement, sont hallucinants
de vérité. Le grain de la peau, une peau qui "respire", qui
vit, donne aux personnages une humanité que l'on aurait pas
cru possible. Qu'il s'agisse de scènes d'action (l'affrontement
avec le dragon) ou de pauses narratives, l'attention ne retombe
jamais grâce à cette précision et aussi, car il faut bien
l'appeler par son nom, cette beauté… Car SHREK n'est
pas simplement un film drôle et intelligent, il est aussi
un beau film qui régale l'œil…
Avec SHREK on se
trouve loin des chemins balisés de Disney dont on a pu penser
qu'il gardait pour l'éternité l'exclusivité de la représentation
des contes de fées. Et du coup, les studios du regretté Walt
en prennent pour leur grade (mais jamais méchamment ou agressivement)
avec par exemple, outre le sérieux décalage imposé à tous
les personnages disneyiens classiques ou assimilés (de Pinocchio
à Robin des Bois, en passant par Cendrillon, Blanche-Neige,
la Belle au Bois dormant, le Loup et le Petit Chaperon Rouge
et autre petit Joueur de flûte), un délectable pastiche de
Disneyland, avec parkings, boutiques et photos souvenirs…
On retrouve l'insolence du genre parodique déjà à l'œuvre
dans CHICKEN RUN, avec là encore bon nombre de références
clins d'œil au cinéma lui-même, le plus spectaculaire et tordant
restant celui en direction de "Matrix"…
Il est bon de souligner aussi l'excellence
de l'interprétation des voix et, une fois n'est pas coutume,
la VF ne fait rien perdre du spectacle, bien au contraire
!
SHREK est un film
tous public. Chacun, selon son âge, sa culture, sa cinéphilie,
y trouvera de quoi s'amuser follement. Que demander de plus
? Alors, ruez-vous ! 90 minutes de joie garanties !
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