SHREK
 
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USA, 2001,
de Andrew Adamson et Vicky Jenson, CL, 90'
Film d'Animation sur ordinateur produit par Dreamworks. Avec les voix (entre parenthèses le doublage français): Shrek: Mike Myers (Alain Chabat)… L'âne: Eddie Murphy (Med Hondo)…  La Princesse Fiona: Cameron Diaz (Barbara Tissier)… Lord Farquaad: John Lithgow (Philippe Catoire)


ENGLISH VERSION

 

RESUME

Un géant, tout vert, très très laid et qui ne connaît pas sa force… Hulk, le géant vert ???… Non, vous n'y êtes pas du tout ! Shrek ! Shrek, l'ogre aux oreilles en forme de trompettes… Shrek qui n'aime rien mieux que de manger (normal pour un ogre), un bocal pleins d'yeux toujours à portée de la main, et surtout raffole de la tranquillité de sa solitude. Faut dire que personne n'a envie de venir lui marcher sur les plates-bandes. Il effraye tout le monde alentour et en plus il pue comme c'est pas possible, autant de la gueule que par ses pets à répétitions… 
Shrek vit sur son domaine des marais, tranquille donc. Il ignore que le Seigneur du coin, Lord Farquaad (un nabot très méchant) s'est mis en tête de devenir roi. Et alors, me direz-vous ? Et alors, Farquaad, à la recherche d'une Princesse, a décidé de faire le ménage sur son territoire et d'en chasser tous les "anormaux", lutins, trolls, génies, elfes et autres personnages de contes de fée… Et quel meilleur endroit où les expédier que dans les marais, autrement dit chez Shrek ? Mais tout cela n'est guère du goût de notre ogre qui choisit d'aller dire deux mots à Farquaad. Et le voilà parti, collé aux basques par un âne, chassé lui aussi par l'aspirant roi, car doué de la parole. Parole dont il use et abuse à satiété. Une chose est certaine: lui n'a pas peur de Shrek, au contraire il souhaite devenir son ami et co-locataire…
Farquaad a jeté son dévolu sur une certaine Princesse Fiona, troublante de beauté, après avoir rejeté les portraits de Cendrillon et de BLANCHE-NEIGE (à la vie un peu douteuse, elle vit quand même avec 7 hommes…). Et puisque Fiona vit dans un château gardé par un féroce dragon, Farquaad organise un tournoi qui désignera le preux chevalier chargé de la mission de l'enlèvement de la belle. L'irruption de Shrek complique le bon déroulement des opérations. Farquaad lui propose alors un marché: il libèrera les marais de l'ogre si celui-ci lui ramène la Princesse…
Et voilà Shrek, toujours collé au train par son nouvel ami l'âne, parti délivrer la belle…


MON OPINION


De l'autre côté du miroir

Quelques mois après le ô combien délectable CHICKEN RUN, chef d'œuvre de l'animation en pâte à modeler, voici que débarque SHREK, réalisé lui entièrement sur ordinateur. Sensation du Festival de Cannes 2001 où il a séduit autant le public que les (difficiles) critiques, c'est sans surprise qu'il "cartonne" de la même façon sur les écrans moins de deux mois plus tard seulement. Car SHREK est avant tout un immense plaisir, un bonheur pour tout spectateur un tant soit peu doué d'humour. Et si ce spectateur connaît un minimum de contes de fées, il n'en rira que plus fort, se délectant du renversement des valeurs habituelles au genre. Ici, le Prince charmant est moche et méchant, le méchant ogre est en fait une vraie pâte de gentillesse, l'âne stupide ne l'est pas car, seul, il dénote d'entrée la véritable nature de Shrek. Même la jolie Princesse est loin, très loin, de coller à ses glorieuses aînées. Non seulement elle possède un côté casse-bonbons assez prononcé, mais elle n'est PAS ce qu'elle semble être et là je n'en dirai pas plus…
Bien sûr, on pourrait penser à la lecture de ce qui précède que ce renversement ne débouche que sur overdose de bons sentiments humanistes. Que nenni ! Si le "message" du film délivré repose bien sur l'idée du droit à la différence, de la beauté caché des laids ("qui se voit sans délais" comme chantait Gainsbourg), bref de la tolérance, il est enrobé dans un tel déferlement d'humour qu'il arrache tout, à la manière des jets de flammes crachés par le dragon (lui aussi se révèle différent de ce qu'on attend d'un tel monstre…). 

Simple: avec SHREK, on rit de la première à la dernière seconde !  Démarrant sur un créneau un peu pipi-caca, humour scato à la South Park (gag irrésistible: Shrek extrait une longue colonne de cérumen de son oreille et en fait une chandelle pour s'éclairer !), le film sait évoluer au fur et à mesure de la découverte "réelle" de ses personnages. Les morceaux de bravoure abondent tant pendant 90 minutes on a qu'une idée: revenir pour une nouvelle séance, afin de décortiquer tous les petits détails saugrenus et absurdes dont le film fourmille… Il faut dire que les réalisateurs n'y sont pas allés de main morte: 36 espaces (et donc autant de décors) différents, chiffre considérable pour un film d'animation ! Et attention, qui dit ici décors entend des lieux d'une précision inouïe, filmés sous tous les angles et selon toutes les techniques des films "live" et… même sans doute davantage…

La technique est tout bonnement stupéfiante ! Supérieure à celle (déjà excellente) de Fourmiz, et plus riche en détails que Toy Story. Les gros plans des visages, tout particulièrement, sont hallucinants de vérité. Le grain de la peau, une peau qui "respire", qui vit, donne aux personnages une humanité que l'on aurait pas cru possible. Qu'il s'agisse de scènes d'action (l'affrontement avec le dragon) ou de pauses narratives, l'attention ne retombe jamais grâce à cette précision et aussi, car il faut bien l'appeler par son nom, cette beauté… Car SHREK n'est pas simplement un film drôle et intelligent, il est aussi un beau film qui régale l'œil…

Avec SHREK on se trouve loin des chemins balisés de Disney dont on a pu penser qu'il gardait pour l'éternité l'exclusivité de la représentation des contes de fées. Et du coup, les studios du regretté Walt en prennent pour leur grade (mais jamais méchamment ou agressivement) avec par exemple, outre le sérieux décalage imposé à tous les personnages disneyiens classiques ou assimilés (de Pinocchio à Robin des Bois, en passant par Cendrillon, Blanche-Neige, la Belle au Bois dormant, le Loup et le Petit Chaperon Rouge et autre petit Joueur de flûte), un délectable pastiche de Disneyland, avec parkings, boutiques et photos souvenirs… On retrouve l'insolence du genre parodique déjà à l'œuvre dans CHICKEN RUN, avec là encore bon nombre de références clins d'œil au cinéma lui-même, le plus spectaculaire et tordant restant celui en direction de "Matrix"…
Il est bon de souligner aussi l'excellence de l'interprétation des voix et, une fois n'est pas coutume, la VF ne fait rien perdre du spectacle, bien au contraire !

SHREK est un film tous public. Chacun, selon son âge, sa culture, sa cinéphilie, y trouvera de quoi s'amuser follement. Que demander de plus ? Alors, ruez-vous ! 90 minutes de joie garanties ! 

Philippe Serve
11/07/2001  
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